Pendant les guerres du Pacifique, les américains veulent s'emparer d'une île
stratégique. Pour éviter que leurs messages soient interceptés par l'ennemi, ils
fabriquent un nouveau codage basé sur la langue des indiens navajos, qu'ils
ont recruté pour qu'ils transmettent eux-mêmes les messages. Elder, un
soldat traumatisé par le massacre de ses ex-coéquipiers et blessé à l'oreille
gauche, est chargé de protéger l'un de ces navajos en mission, avec l'ordre
de l'abattre s'il vient à tomber aux mains de l'ennemi...
John Woo est un vrai metteur en scène, sachant allier sentiments et violence.
Et dans ce film, il n'y va pas de main morte. Ici on est loin de ce qui avait fait
la richesse de "Volte Face". Woo veut rendre hommage à ces vieux films de
guerre d'antan, tel "Aventures en Birmanie" de Walsh. Mais il faut reconnaître
que là on tombe parfois dans un sentimentalisme excessif, dû aussi en partie
à la musique insupportable de James Horner. Et Nicolas Cage ne cesse de
faire des grimaces qui ont tendance à décrédibiliser son personnage. La
violence, elle, est omniprésente, et comme toujours chez Woo, elle est là en
images chocs. Et certaines scènes font réfléchir, comme celle-ci : l'indien
navajo surnommé Ben, qui dit être un japonais car il leur ressemble. Il met
alors l'habit d'un des soldats japonais tués, puis il va dans l'autre camp se
faire passer pour l'un d'eux. Là on retrouve John Woo et l'un de ses thèmes
chers : les rôles qui peuvent être réversibles. Ou cette scène du papillon qui
vole au-dessus de l'eau et qui arrive sur un cadavre. Mais globalement, le film
déçoit, parce que, comme avec "MI2", le système hollywoodien veut garder
intactes certaines valeurs américaines, comme le patriotisme, ou le don de
soi. On peut dire finalement que Woo a mis quelques bribes de lui-même
dans un film qui reste consensuel (par exemple : on a un seul court dialogue
qui parle du génocide indien). C'est peut-être ça la plus grande faiblesse de
Windtalkers, qui avait pourtant une idée de départ intéressante.
Kader