Dans les années 60 en Irlande, trois jeunes femmes sont
emmenées dans un couvent pour avoir chacune "trangresser un
tabou" : l'une, Margaret, s'est fait violer lors d'un mariage et a osé
dénoncer celui qui l'a souillée ; la 2e, Bernadette, ne cesse de
regarder avec un sourire timide les garçons qui la convoitent ; la
3e, Rose, a eu un enfant sans père (son bébé lui sera "confisqué"
au moment de sa naissance). Dans le couvent, elle sont traitées
comme des prisonnières, qu'on fait travailler comme des esclaves.
Il suffit que l'une montre un signe de rébellion, et elle est
sévèrement réprimandée, parfois avec violence. Or un jour
Bernadette comprend qu'elle ne peut pas rester dans un endroit
pareil et prépare son évasion...
Tiré d'une histoire vraie, le film est très dur, et très critique vis à
vis d'une vision de la religion, où l'on fait croire à de pauvres
jeunes femmes qu'elles méritent leur châtiment, et qu'elles doivent
expier leur faute en acceptant de subir des conditions de travail
dignes des pays dictatoriaux. Cette religion-là (ici les catholiques)
va en réalité dans le sens contraire de ce qu'elle devrait être. Peter
Mullan a brillamment mis en scène son film qui est très crédible.
Mais il est soutenu par des actrices extraordinaires. Celle qui joue
Margaret est la plus émouvante (Anne-Marie Duff). Elle fut sauvée
grâce à son frère. Elle deviendra, nous dira l'épilogue, institutrice
et ne se mariera jamais. La plus rebelle, c'est Bernadette (Nora-
Jane Noone). Plus elle veut s'échapper, plus elle devient
inhumaine. L'épilogue nous fait comprendre qu'elle ne s'en
remettra jamais, même si elle est parvenue à s'échapper. La plus
douce, c'est Rose (Dorothy Duffy). Elle n'aurait jamais pu
s'échapper sans Bernadette. On apprend à la fin du film que le
clergé a fait maintenir ces couvents (ou, pour être plus juste, ces
prisons) jusque dans les années 70, et que le dernier d'entre eux a
fermé en... 1996. Ecoeurant et révoltant.
Ciné Phil (auteur ; 04/07/2004)