Bud Clay passe son temps dans des courses de motos. Il
essaie en vain d'oublier Daisy, l'amour de sa vie. Après sa
dernière course dans le New Hampshire, il se rend en
Californie où se déroule la prochaine course. C'est le début
d'un voyage à travers l'Amérique durant lequel il va se
confronter chaque jour à de nouvelles rencontres. Mais il ne
peut se résoudre à remplacer la seule et unique fille qu'il ait
jamais aimée et qu'il aimera à tout jamais...

Ce serait superflu de dire que vincent gallo a réalisé un film
personnel puisqu'on le retrouve scénariste, metteur en scène,
producteur et acteur de son film. Ce film entier se réclame de
lui seul, il propulse ses émotions, son vécu à la face du
spectateur sans détour, ni pudeur et ca fonctionne. Et puis,
on n'a pas trop envie de rire devant la déprime de cet homme,
dépouillé comme les paysages qu'il traverse. Au fur et à
mesure de sa remontée géographique vers les lieux du drame,
on apprend à connaitre les causes, le parcours.
Ces rares rencontres aussi, toutes des femmes, une répétition
dans la facon de les aborder, de passer un instant avec elle
...et de se réveiller enfin pour les fuir, trop douloureux
probablement. Car tout appartient au domaine des souvenirs
et tout le ramène vers son amour perdu. Pourquoi prête t'il
attention à leur prénom floral, violet, rose, s'arrête t'il sur leur
collier ?, on devine derrière ces contacts, un mime récurrent
de sa 1ere rencontre avec daisy. Sa démarche "messianique"
surprend dans sa manière de les aborder, sa douceur, son
souci de voir si elles vont bien, de les effleurer, toucher,
participent aussi à sa survie, à sa rédemption.
Aprés coup et connaissances de certains faits, on replonge
dans la dimension tragique de certaines scènes.... Lorsque
bud rend visite à la mère de daisy ,elle se demande pourquoi
sa fille ne donne pas de nouvelles...

Le véhicule de bud devient son cocon, et beaucoup de scènes
sont tournés par le pare-brise avant. le réceptacle absorbe les
brusques variations de lumières, soleil de face, de derrière. Il
ne s'embarasse pas de savoir comment la pellicule sera
impressionnée, ni de la saleté de la vitre, la beauté du sale
rejoint celle de la déchirure de bud dans une curieuse
création de pureté.
Bien sûr, le silence, l'ami de la solitude, devient le compagnon
de tous les jours de Bud et l'effort immense lorsqu'il s'agit
d'en sortir car le superflu des conventions semble déplacé. Il
ne s'agit donc pas de contemplation formelle ici mais de voie,
voix éteinte.

La scène de l'hotel, le charme de chloé sévigny, certainement
une des plus belles déclarations d'amour donc de l'amour vue
au cinéma, catalyse les sentiments les plus exaltants et
contradictoires dans une relation à l'autre et à soi, ou dans une
même phrase se percute l'incompréhension, la demande, la
recherche de vérité, du doute...
Tout manque de l'être absent, et la relation de corps,de
physique s'invite au festin empoisonné des souvenirs, rend
plus amère l'imagination lorsque l'irrémédiable moment de
réveil rapelle l'irréversabilité du présent et du futur.
Comment vivre maintenant avec sa culpabilité, ses souvenirs
sinon continuer à rouler pour éviter de sombrer dans un
immobilisme mortel.
bud.... vincent, on ne sait plus trop et c'est tant mieux car il
nous a aussi transmis la hantise, de chloé...de son film.
patric (auteur 29-6-04)