TEN raconte dix séquences de la vie émotionnelle de six femmes,
qui pourraient aussi bien être dix séquences de la vie émotionnelle
d'une seule et unique femme. Celles-ci sont amenées à relever des
défis à une étape particulière de leur vie. La conductrice d'une
voiture échange avec son fils, sa sœur et des femmes de passage.
Abbas Kiarostami s'est mis à la caméra numérique et cela donne
10.
La plupart de ces séquences sont frappantes. Long plan d'un
gamin de 9 ans donnant la réplique a une femme (sa mère) qui est
la conductrice de la voiture. L'enfant récrimine sa mère sur sa
façon de vivre. Elle est divorcée de son mari, mais l'enfant ne
comprends pas pourquoi elle est partie. Les injures se succèdent
sans arrêt jusqu'à arriver à l'insolence. Cette femme admirable
garde le calme et le sourire. Elle accepte le chantage émotionnel
de son fils. Elle essaye de lui expliquer, pourquoi elle a du mentir
et accuser son mari de prendre des drogues pour avoir le divorce,
pour avoir sa liberté. L'enfant hurle, il ne veut rien entendre. C'est
une femme moderne qui travaille, elle a refait sa vie avec un autre
homme. On ressent que le discours de l'enfant copie en réalité la
les propos du père.
D'autres épisodes montrent notre conductrice avec des femmes
jeunes ou vieilles, modernes ou traditionnelles, connues ou
inconnues, qui évoquent leur vie, leurs problèmes et leurs désirs.
Le cinéaste fait parler les femmes de leur condition avec audace et
frontalité.

Film tourne en DV, Ten nous confronte à la contradiction de la
société iranienne. Film minimaliste ou comment tourner un chef
d'œuvre avec très peu de moyens. Toute l'action se passe dans
une voiture, il n'y a pas de musique ; seulement le bruit de fond de
la ville, les bouchons, les klaxons des autos. On se sent proche
dans cet univers intimiste et clos, accessible à la vie intense d'une
ville à travers ses cacophonies. Le dialogue est la base de cette
œuvre humaniste à la sensibilité intense et à la fois realiste. Ce
n'est pas la premiere fois que Kiarostami montre des longues
scènes qui se passe dans une voiture ("le goût de la cerise "
Palme d'Or Cannes 97).

Le film est intemporel et universel. Critique de fond d'une société
qui évolue plus rapidement que ses traditions. La condition de la
femme en Iran, certainement, mais aussi la condition de la femme
universelle. Ce qui rend le film de Kiarostami proche et attachant.

mayte(11/11/2)