sauvage

Un jeune homme, Francois Mauge, réalisateur, se met en quête de financement pour
son prochain film, sauvage innocence. Scénario sous le bras, il entreprend de convaincre ses
interlocuteurs sur le propos de son film. Un film contre la drogue. Son histoire, référence à la
mort de sa femme, Carole, d'une overdose, le poursuit de film en film.

Dans la rue, interpellé par le regard de 2 femmes, il s'empresse de les inviter à boire un café.
Elles feront l'éloge de ses films, vus au cour d'une rétrospective. Toutes deux exercent le métier
d'actrice, dont l'une, Lucie, pas encore confirmée.

subjugué, francois tombe amoureux. Il propose à Lucie le rôle principal sans toutefois avoir
bouclé le financement. Par l'intermédiaire d'un ami, il rencontre Chas aux activités louches. Il
lui propose de financer son film contre un petit service, aller chercher 2 convois de drogue.
Francois accepte et commence le tournage à amsterdam mais la drogue n'est pas loin.....

Le film de philippe Garrel flirte avec la subtilité, histoire à tiroirs, aux couches posées
délicatement entre la vie de l'artiste et ses visions artistiques. Oui, une fois encore, philippe
nous livre son double à l'écran, francois. On ne peut s'empêcher de rapprocher sa vie et ses
amours mouvementés avec nico ,égérie de bien des artistes dans les années 70 et qui mourut
d'une overdose, avec l'histoire de francois, touché lui aussi par la disparition de Caro. tous deux
n'oublient pas, ne le peuvent pas. Ils rééditent de film en film leur malaise, leur souvenir d'une
page qui ne veut se tourner.

La drogue reste aussi omniprésente sur le plateau de cinéma. lucie manquant de confiance en
elle et portant lourdement le rôle de la compagne de francois ne résistera pas à la tentation
d'essayer celle ci.

le film ne manque pas d'humour. Francois veut un film contre la drogue dans sa vision la plus
horrible, pour montrer aux jeunes comme il dit ses dangers alors que dans le même temps, il
participe aux trafics de drogue et indirectement à la prise de drogue de son amour. C'est ainsi
toute la confrontation des idéaux et de sa réalité perverses, difficile à vivre, que nous montre le
film. Car la question marchande du monde est mise en lumiére notamment à travers le cinéma.
la scéne du réalisateur et de l'éventuel producteur se passe de commentaires tant elle est
éloquente. le pouvoir se complait auprés du monde des finances et le producteur ne manquera
pas d'humilier francois à 2 reprises dans un récit ubuesque.

on peut regretter un certain détachement du personnage de francois dans la 2eme partie du film
consacré au tournage, au profit de lucie plongeant peu à peu dans la drogue, le film perd alors
un peu de son charme tant mehdi nous absorbe au début du film.

L'esthétique de garrel rend le film mystérieux, la photo noir et blanc montre un paris nouveau,
intelligible et sensible, surtout dans la premiére partie du film. le beau Mehdi belhaj kacem,
malingre, au visage émacié, colle bien à son personnage fragile, en espérant qu'il continue à
tourner. Et que dire du merveilleux Michel Subor, d'un naturel perturbant.

Sauvage innocence ressemble bien à son titre, poétique, esthétique doux mais sinueux, tourné
vers le passé ici un gage d'avenir.

patrick