Sur trois continents, Mondovino met en scène les sagas de
succession de tout-puissants milliardaires de Napa,
Californie, les rivalités de deux dynasties aristocrates
florentines, et les conflits de trois générations d'une
famille bourguignonne se battant pour conserver ses
quelques hectares de vigne. Mais toutes ces luttes ne sont-
elles pas secondaires à ce corsaire espiègle de Bordeaux
portant allègrement la bonne parole de la modernité de
l'Italie à l'Argentine en passant par New York ? Le vin a
été un symbole de la civilisation occidentale pendant des
millénaires. Jamais le combat pour son âme n'a été aussi
féroce. Il n'y a jamais eu tant d'argent et de gloire en jeu.
Mais l'ordre de bataille n'est pas celui auquel on s'attend :
locaux contre multinationale, simples paysans contre
capitaines d'industrie. Dans le monde du vin, les suspects
habituels ne sont jamais où on les attend.

Un docu dont le vin semble l'alibi pour une nième charge
contre la mondialisation. Il aurait donc pu être tourné par
Moore avec son cortège de subjectivité, de grossière et
éléphantesque parti pris avec dans le rôle des méchants
les américains, la famille Mondavi contre les partisans de
la tradition, les locaux francais, ici les Montille. Quoique
dans cette bataille, dans le rôle d'arbitres partiaux et
influents, on retrouve les journalistes, et particulièrement
parker du célébre guide à son nom et son ami de 20 ans,
Mr rolland dont le rire gras ne cesse d'estourdir nos
oreilles. Ce célébre consultant oenologue travestit les vins,
les "oxygène" pour coller au goût de mr Parker et donc
des acheteurs car ici le moteur de la guerre comme dans
toute industrie, c'est l'argent. Ce Mr Rolland compte des
clients dans le monde entier et étend son influence dans le
formatage des palais.
Aussi, heureusement, au travers le discours de petits
vignerons ou de grands groupes, transparait une
philosophie du monde, de la vie car le vin est rattaché à la
terre, au ciel et aux civilisations. Le film prend alors une
dimension autre, plus poétique, la sémantique des
personnages haut en couleur adoucit le film, et semble lui
indiquer une tournure moins lourde et prévisible. Et puis,
la caméra s'évade parfois en arrière plan pour filmer
l'imprévu, un vieux monsieur qui n'en finit pas de
descendre de son échelle, un chien s'attaquant à un
énorme morceaux de fromage....ou la gentille bataille
générationnelle et affective dans une famille de vignerons.


Un documentaire intéressant pour les amoureux du vin, à
prendre avec le recul nécessaire car entre les petits et les
gros, on n'entend guère la parole du vigneron moyen

patric (auteur-05/11/04)