C'est avec une fébrilité toute particulière, que j'attendais
le dernier film d'Alexandre SOKOUROV. En effet, mère et
fils, avait été une révélation, aussi bien sur le plan
narratif que sur le plan formel. Il nous offrait à voir de
véritables tableaux picturaux, un travail sur l'image et les
couleurs jamais vu.
Dès le premier plan, la touche de l'auteur apparait. Une
femme nue parcourant les allées d'un château dans la brume, s'étirant,
s'allongeant, ne tenant pas en place.Cette femme, Eva Braun,
attend son compagnon HITLER .
Cette journée raconte le couple, suit la nomenclatura nazie
et rend compte des tensions nevrotiques d' HITLER .
Les promenades, les repas sont vécues et rythmés selon les humeurs du chef,
tantot côléreuses tantôt joviales, toujours sur la défensive pour les invités.
Personne n'est dupe des délires du chef. Ses collaborateurs
le confortent dans ses visions délirantes. Seule, EVA BRAUN tente
de l'approcher, de le rassurer, de le raisonner, tente de donner
vie à son amour. Mais la mort régne déjà. On entend les mouches
attirées par l'odeur de la pourriture. L'odeur intenable du conseiller d'HITLER
est mis en avant. Il est d'ailleurs le seul à ne rien remarquer.

Sokourov , dans sa description de l'horreur et la folie, si
loin du monde dans ce château, nous montre sa sordide
conséquence. Celle de jeunes soldats pateaugeant dans la boue et
le froid , la solitude du pilote de chasse réduit à exister
derriere son viseur. Hitler visionne ce film d'actualité ,nous
le donne à voir dans le meme temps, confrontant alors les deux
opposés.

Un film de détails, de mouvements et de sons, aux couleurs
délavées, aux contours incertains, où flanche l'humanité et
chancèle la raison.

MOLOCH

patrick