Des jeunes filles en uniforme, un lycée en Corée…
Deux d'entre elles, Hyo-shin et Shi-eun, ont écrit un journal intime, mémoire d'une
passion trouble.
Un matin, Min-ah trouve le journal dans la cour du lycée. Doucement, au fil des pages,
elle va entrer dans le monde des amantes, découvrir leur intimité et leur secret...

Plaisant, troublant huis clos dans ce lycée hanté par des jeunes filles . La tension
propre à l'isolement plane tout au long de l'histoire. Tension entre les filles, leurs
professeurs et les objets quotidiens de l'établissement . Dans cet univers, sujet au
rigorisme, la liaison des 2 filles se heurte à la fronde des professeurs et au mépris ou à
l'incompréhension des autres élèves. La question du secret ,évoquée au long du film
par l'intermédiaire notamment du cahier, se pose entre les 2 amoureuses.
La poésie s'immisce dans les échanges, lors de leurs rares activités solitaires, dans les
pensées des jeunes filles. Elles s'expriment dans l'expression écrite, orale ou dans le
mouvement . ainsi la scène ou Min-ah suit shi-eun descendant toutes deux un escalier
parallèle ou encore hyo-shin et shi-eun s'embrassant et se repoussant dans le même
temps , la camera virevoltant dans un magnifique ballet . Dans ces moments, la danse
semble proche, rajoutant à la magie esthétique déployée tout au long du film . En
classe ou sur les toits, dans leurs jeux ou le sérieux de leurs échanges, les filles nous
entrainent dans le flot heurté des sentiments .
La mise en scène, la musique participant à la magie du récit, pareil à la mosaique des
plans ,surprenante et imprévisible. Le texte parfois relayé aprés coup par l'image "Le
premier baiser comme l'odeur des pommes sur ta bouche. J'ai senti le sang sur ma
langue", magistrale vision nous sera offerte.

La beauté des échanges des 2 amoureuses dépasse les concepts habituels.
L'utilisation de la télépathie augmente les champs des communicatifs, intermédiaire
entre le silence et la parole. Il est le garant de l'intimité entre les 2 jeunes filles. Ainsi
l'emploi du souvenir fusionne avec les actions présentes et se prolonge dans
l'occupation de l'espace. Une véritable collision s'opère entre le récit au passé,
présent, le vrai et l'imaginaire mais étonnamment le film ne perd pas sa cohésion . La
thématique du malaise adolescent et du passage au monde adulte, révélé matérialiste,
se dessine par l'intermédiaire de Hyo-shin. Fille au besoin d'absolue, soutenant son
professeur, elle affirme ses choix, bouscule le monde et cherche le moyen de sa
liberté. Elle hante les lieux de son passage, marque son empreinte, contrariant les
conventions.
L'appui du fantastique, moteur de la symbolique, met en exergue les émotions sans
jamais dénaturer l'histoire. Peut être parce qu'il se met en place progressivement dés le
drame du suicide, métaphore du traumatisme des lycéennes .
La profusion des thèmes emmène le film sur le terrain de la société coréenne .le
discours d'une des éléves ," présentez nous des hommes pour engendrer les
générations futures " , marque un désir d'émancipation face aux régles de la société
coréenne matérialisé ici par l'établissement. L'aveu d'un professeur, seul, coincé entre
le matérialisme de ses collègues et l'immaturité de ses élèves, révèle l'échec de l'adulte.
Dés lors son malaise peut se transmettre par l'intermédiaire du système éducatif
….comment ne pas voir alors yo-shin, sa vitalité, son désir de montrer son amour, se
heurter au carcan, et invoquer le tragique (le poison et l'antidote). Son énergie et son
désir témoignent dans une certaine mesure de sa réussite entachée d'un abandon fatal .
Son fantôme régne au dehors, au dessus, montrant la voie aux autres, libérant les
portes de la soumission .

Une réussite laissant pantois , KIM TAE-YONG signe son premier film.
Scénario : Kim Tae-
yong, Min Kyu-dong
Photo: Kim Yoon-soo
Montage: Kim Sang-
bum
Son: Ryu Dae-hyun
Musique : Cho Sung-
woo
Intérprètes: Kim Min-
sun, Park Yeh-jin, Lee
Young-jin, Kim Min-
hee, Gong Hyo-jin,
Paik Jong-hak
Production : Cine2000
1999 - 35 mm -
Couleur - 1H37