Un homme dans un train, la nuit. Plus tard il est passé à tabac dans un
parc par 3 loubards et laissé pour mort. Il se reléve le temps de ressombrer et d'être conduit à l'hôpital. l'électrocardiogramme devenu plat confirme son décés. Brusquement, contre toute attente, il se lève....et part de l'hôpital ôté de ses souvenirs ,de son identité...
Cette pirouette inattendue de cet homme " ressuscité " , marque déjà
de son empreinte la suite du film . Kaurismaki nous propose un parcours entre un conte , et une réalité socio-économique dure, évitant cependant tout misérabilisme .Un équilibre voit le jour tout au long du film entre ses deux aspects .Cet homme a tout oublié et sa nouvelle vie lui réapprend les émotions ,les gestes .Nous sommes guidés par cet homme et lui même se mue en un passeur pour le spectateur .Comme lui nous avancons pas à pas .La perte de son identité et plus encore de son nom lui voudront de surmonter les obstacles pour réintégrer la société des hommes dont peu chercheront à comprendre sa situation .
C'est donc tout en bas de l'échelle, parmi les miséreux qu'il
recommence à vivre, à apprendre le contact avec ses semblables bien qu'il fasse preuve d'une sociabilité étonnante, d'une patience et d'une compréhension envers l'autre très constructive .
Les pauvres vivent dans des contenairs loués par un policier mi
protecteur mi souteneur.
Le rapport de l'homme blessé avec ce policier marquera un des
premiers signal de drôlerie du film ,une intimité de l'amitié naissante , d'un retour à la dérision .
Kaurismaki propose aussi un véritable inventaire à la " freaks " , ou se
mélent beaucoup d'éclopés ,échoués en marge de tout . kaurismaki insiste sur le lien entre eux, la solidarité sans accroc ,un peu démonstrative, entretenue par la très active armée du salut .Armée du salut ou l'homme trouvera l'amour en compagnie de celle qui nourrit ,habille les plus pauvres.
Le conte se crée donc à partir de cette espace d'échange entre les
plus pauvres, l'armée du salut jouant le rôle de liant . les scènes de repas ou des petits concerts nous le rappellent constamment .
Cette idylle se trouve contrebalancé par les difficultés de l'homme
avec l'extérieur ,comme le montre la scéne ubuesque de la banque ou celle du commissariat marquée sous le sceau de l'administration avec ce combat kafkaien entre le commissaire et l'avocat ,le protecteur de l'homme , envoyé par l'armée du salut .
Du coté du travail aussi ,le réalisateur ne manque pas d'appuyer un
état des lieux peu flatteur. Tous ces constats dressent l'inventaire d'une décomposition de la société. mais l'humour reste omniprésent , une nonchalance plane tout au long du film . Comme dans beaucoup de films de kaurismaki ,la musique joue un grand rôle de reconnaissance mais la nature de celle ci pousse à la nostalgie .Peut être la nostalgie d'une époque pour kaurismaki..."la jeunesse ne passe qu'une fois" comme le dit un personnage ,écho à la parole du réalisateur.
La lumière du film participe à cette atmosphère à part.
Les acteurs toujours fidèle à kaurismaki rehausse la qualité du film .
"L'homme sans passé" réussi sa tentative contre-naturaliste tout en
imprimant une dose de réalisme pour peu que l'on se laisse guider par le tâtonnement continuel comme cet homme à la recherche de nouvelles identités. On boute ainsi la lourdeur d'un " dancer in the dark " qu'on aurait pu redouter , les 2 films marquant une disymétrie bienvenue .
patrick (6/11/2)
|