En 1941, dans une petite ville d'Ukraine, Anna Semionovna écrit une
lettre à son fils, physicien célèbre parti travaillé dans un institut de sciences soviétique. Médecin, russe et juive, elle évoque, par des saynètes vécues, des détails, son mariage malheureux, la naissance de son fils, l'arrivée des Nazis, l'incrédulité criminelle de certains Juifs, sa judéité, etc. Ce sera sa dernière lettre. Quelques jours plus tard, elle est assassinée par les soldats allemands.
L'affiche du film un peu trompeuse propose plutôt un film en noir et
blanc. Ce noir et blanc délavé nous raméne vers les vieux films .Car il ne s'agit pas d'un documentaire ou de théâtre filmé comme peut le laisser suggérer l'unique actrice qui se meut dans un seul décor vide de tout apparat . La réalisation tient avant tout de la mise en scéne et du montage qui va avec,comme en témoigne les nombreux plans séquences du film .Aucun bruit non plus ne vient perturber la diction de l'actrice ,tout a été gommé au montage par le réalisateur .Le spectateur peut ainsi se concentrer sur l'actrice , le texte et les expressions du visage , la caméra n'hésitant pas à filmer en plan serré . Le texte,lui aussi tiré d'un roman de vassili grossman "vie et destin",
raconte le destin tragique de la déportation d'une femme et
l'éloignement forcé d'avec son fils .Cette lettre retrace les moments de vie de cette femme, des anecdotes, les interrogations sur le comportement humain ,sa lacheté mais aussi les instants de fulgurance philantropique.
Au delà du témoignage , se dessine aussi l'hommage à cette actrice
étonnante par sa performance. Sa voix transperce immédiatement nos oreilles par sa gravité, fond et forme, pour s'installer définitivement pendant 1 heure. Plus étonnant encore ,ses mouvements de bras, ses expressions faciales semblent surgir des films expressionnistes allemands des années 20, muets oblige .Et que dire de ce ballet d'ombres , projetés sur le mur ,le sol ,seules moments ou son récit sur les autres semblent prendre forme et la "rejoignent" sur la scéne.
Un film exigeant,à trois , le texte de mr grossman, le réalisateur
wiseman auteur reconnu et Catherine samie sociétaire de la comédie francaise, entier, dont l'émotion et l'intérêt se renforce tout au long de cette heure et bien aprés.
patrick (21/11/2)
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réalisé par frédérik wiseman
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