En 1930, deux pères : Michael Sullivan, un tueur professionnel au service de la
mafia irlandaise dans le Chicago de la Dépression, qui n'a jamais connu son vrai
père, et Mr. John Rooney, son patron et mentor, qui l'a élevé comme son fils.
Deux fils : Michael Sullivan junior et Connor Rooney, qui font chacun des
efforts désespérés pour s'attirer l'estime et l'amour de leurs géniteurs. La
jalousie et l'esprit de compétition les plongent dans une spirale de violence
aveugle dont les premières victimes sont la femme de Sullivan et son fils cadet
Peter. Un long voyage commence alors pour Michael Sullivan et son fils
survivant. Au bout de cette route, la promesse d'une vengeance et l'espoir de
conjurer l'enfer. Et peut-être l'aube d'un sentiment nouveau entre un père et son
fils... D'abord les défauts : toute l'histoire est prévisible. On comprend vite les
tenants et les aboutissants de ce récit faisant penser à une tragédie grecque.
Cela aurait pu sombrer dans un classicisme excessif qui aurait pu faire naître
l'ennui. Mais voilà : c'est Sam Mendes qui réalise. Et alors la banalité devient du
grand cinéma hollywoodien, véritable hommage aux films de gangsters des
années 30-40 (on pense à Hawks). Et puis il y a la somptuosité des images.
Elles apportent un plus indéniable à cet affrontement père/fils. Et on a droit à
des scènes d'anthologie. Comme cette scène sous la pluie où des corps
s'effondrent les uns après les autres, et où l'on devine par des jets de lumière
qu'ils se font mitrailler. Mais le son a été coupé, il n'y a que la musique. Et puis
quand apparaît notre tueur, on voit des visages apparaître aux fenêtres, comme
des fantômes. Il faut dire que c'est Conrad Hall le directeur de la photogr a
phie, déjà oscarisé pour son travail sur "Butch Cassidy et le Kid" et "American
Beauty", film précédent de Sam Mendes. Coup de chapeau aussi aux acteurs,
en particulier Paul Newman qui signe son grand retour (nul doute qu'il aura
l'oscar). Une autre faiblesse du film serait la relation entre Michael Sullivan
(Tom Hanks) et son fils aîné, qui n'arrive jamais à être tout à fait crédible,
comme si pour Mendes une relation père/fils normal ne peut être possible.
Finalement ces "Sentiers de la perdition" sont plutôt un chemin de la
rédemption, thème pas forcément nouveau, mais pour l'objectif visé (plaire à un
large public au niveau international), il fera mouche.
..........................Kader