LE
SINGE

de AKTAN ABDYKALYKOV

un jeune garcon, appelé le singe par ses copains, vit dans un village kirghiz auprés de
sa mére,sa soeur et de son incorrigible pére. le singe attend son incorporation militaire.
Comme tous ses copains, la préoccupation premiére demeure les filles et le désir, mais
leur crainte rend l'approche maladroite, parfois douloureuse mais toujours sensible.

Aprés le fils adoptif et la balancoire , le singe s'inscrit comme le troisiéme volet de cette
trilogie. Film sur l'adolescence d'une justesse rarement égalée, le réalisateur puise dans
ses souvenirs, les fractures de sa propre histoire. Et comment pourrait il en etre
autrement tant son film touche et raméne par la même le spectateur vers son
expérience, ses désirs et les incertitudes qui marquent cette époque de tout adolescent.
Car il s'agit bien de sentiments universels, le tatonnement vers l'autre suggéré avec
délicatesse, du passage initiatique de l'adolescence vers l'age adulte que l'on percoit.
Le singe, ses émotions mais aussi ses difficultés.... car loin de s'arréter à une approche
sentimentale, le réalisateur pointe du doigt les difficultés familiales avec un pére buvant
plus que de raison et empétré dans des promesses qu'il ne tient jamais. Le fils, sous la
demande de sa mére, devra à de multiples reprises veiller sur son pére et sa mobylette,
indispensable outil familial.
L'amitié joue un rôle primordial dans son rapport avec les autres. Les codes des
garcons, leur complicité dans l'approche des filles, scéne du miroir impeccable, l'auteur
les magnifie sans les clichés habituels, toujours dans la retenue. Le singe se heurte ainsi
à l'envie de la découverte charnelle et dans le même temps s'enfuit comme un enfant
aprés un je t'aime émouvant auprés de celle qu'il aime ou refuse un corps trop
facilement offert.
A noter le regard de l'adolescent, de sa solitude, l'apprentissage de l'autre dans ses
relations dans le travail ou auprés du vieux marginal rêvant d'épouser la catin du coin.
La photo est magnifique, les paysages rudes bien mis en valeur, le souvenir de ses
longs peupliers s'agitant sous le vent, enchanteur, la captation de la lumiére et des
couleurs, miroirs à feu inoubliable.
l'humour n'hésite pas à surgir dans des scénes ou les maladresses adolescentes
s'expriment.
film paisible, turbulent, bigarré, emprut d'émotions, sans excés démonstratif. Un film
attachant dont la nostalgie nous rattrape au fil des minutes et nous plonge
inéluctablement vers notre vécu.
Déjà un des films de l'année.

patrick