Olivier est formateur en menuiserie dans un centre de réinsertion sociale. Dans
l'atelier, Il consulte un dossier le laissant dans une perplexité proche de la
stupeur.Plus tard, la directrice lui demande d'accueillir Francis, un adolescent
désireux d'apprendre les métiers du bois. Olivier refuse, prétextant qu'il a déjà
trop d'apprentis. Le dossier qu'il consultait était celui de Francis. Le jeune
garçon est alors placé dans l'atelier de soudure.
commence alors l'agitation d'Olivier autour de francis. Il l'épie, le suit prenant
bien soin de ne pas se faire remarquer par le jeune garcon.Qui est donc Francis
?, pourquoi cette crainte d'Olivier ?, pourquoi le suit il jusque chez lui ?.

Le film commence donc sous cette tension ,cette énigme entretenue, cette
agitation dont on sent poindre une certaine gravité. Le dévoilement s'exercera
par l'intermédiaire de l'ex femme d'Olivier .Francis n'est pas le fils comme le
titre peut laisser l'entendre mais celui qui a oté la vie au fils.
A partir de cette instant, la tension propre au mystére laisse place aux
supputations sur les projets d'Olivier. Une tension succéde à une autre.
Physiquement pour nous, mais aussi au travers le mal de dos d'Olivier,
véritable symbole de la douleur psychologique. A ce mal, répond la léthargie,
le sommeil dont semble constament plombé francis.

Olivier intégrera finalement Francis dans son cours de menuiserie, l'emmenant
ainsi sur son "terrain" mais quel est son but ?.
Ce dérapage que l'on peut redouter est dûment entretenu par les mouvements
de caméra ,portés, subjectifs, se placant devant, derriére, de sorte qu'elle nous
perd comme le sont probablement le solitaire garcon et le désemparé Olivier.
Mais pour ceux qui connaissent les 2 précédents films des fréres Dardennes,
on connait la dimension complexe des personnages , ne cédant pas à la facilité
de leur situation.
La relation s'exerce un peu chaotiquement entre olivier et Francis .La définir
reste difficile. Même si le jeune ne sait pas qui est son formateur. Peu de
paroles entre eux, Francis essayant de se rapprocher de cet homme , un
modéle pour lui. En définitive ,si la parole est rare, ce sont les regards,les
gestes qui officient à leur place, véritable moteur des expressions .

L'humanité ,vecteur permanent des films des Dardennes, se retrouve et lie
encore les personnages entre eux. Oh ,il ne s'agit pas de pardon ,ni de
vengeance bestiale mais tout simplement la relation impossible, prenante, d'un
homme qui a donné la vie et celui qui a pris la vie donnée, reliée par le début de
la vie et la fin ,entre celui qui a aidé à naître de ses mains et l'autre qui a
étranglé.
Cette déchirure ,entre l'acte constructeur et destructeur trouvera un
rapprochement dans l'éducatif ,comme si cet apprentissage, histoire de mains,
pouvait signer , peut être, l'espoir d'une rédemption et d'un apaisement au
milieu des bois, du bois....
Les acteurs parfaits ,olivier gourmet mérite son prix d'interprétation cannois
tant il semble non l'acteur mais l'homme qui traine ses blessures, à la limite du
déréglement.

La constance des fréres Dardenne ne se dément pas aprés les réussites des "la
promesse" et "rosetta", une constance toujours empreinte de nuance, de
tendresse dans les épreuves de la vie et de son apprentissage.

patrick