Trois amis d'enfance, le Muet, le Fonceur et Gueka, n'ont qu'une
seule idée en tête : se procurer un costume taillé par un couturier
occidental qui leur ouvrira, pensent-ils, les portes de l'âge adulte.
Après avoir tenté de le voler, ils finissent par l'acheter grâce à l'argent
gagné à l'occasion de petits travaux. Chacun trouve un échappatoire
en le portant.

Vaste sujet, maint fois abordé, que le passage de l'adolescence à l'âge
adulte et Bakhtiar Khudoinazarov, le réalisateur, nous montre qu'il
n'est guère différent d'un pays à l'autre. La confrontation avec la vie
initie ses trois jeunes. Et ce ne sont pas les difficultés qui manquent,
surtout lorsque la famille ou ce qu'il en reste,parfois misérable, est
lourdée par ses propres traumatismes avec lesquels se débattent les
jeunes.
Alors ils s'échappent et prennent possessions des rues, des terrains
vagues à la recherche du bon coup qui permettra de gagner un peu
d'argent. Car à cette âge le paraitre importe et se matérialise ici par la
volonté d'acquérir un beau costume à la coupe occidentale, sésame
pour une reconnaissance des autres. Avec ce costume c'est aussi
l'espoir d'accéder à un semblant de richesse, de parader pour séduire.
La premiére partie du film sera consacrée au dynamisme de la bande
pour tenter de posséder ce costume par tous les moyens. Les
différentes phases de leur stratagéme ressemblent au comique des
pieds nickeley, des tentatives qui ne se départissent pas d'un joyeux
foutoir, une dynamique vitale et jamais renonciatrice.
La 2eme partie resserre le cadre sur chacun des protagonistes en
proie à des envies, des recherches et le lien douloureux avec la famille
s'en trouve davantage exacerbé. On découvre à ce titre combien un
fossé sépare les générations. Il est à mettre sur le compte du
changement politique de l'union soviétique avec son lot perdu
d'adultes tandis que la nouvelle génération s'en accomode tant bien
que mal. Ce traumatisme du changement est représentée par la
psychologie borderline des personnages adultes du film. Ce décalage
renforce le versant comique du film.
La mise en scéne suit le rythme endiablé de la jeunesse avec une
caméra virevoltante.
On regrettera certains passages oniriques et poétiques qui n'assurent
pas correctement la continuité et les transitions des scénes .Certains
plans paraissent "forcés" brisant le ton juvénil et enthousiaste des 3
ados.
Rien à redire sur les acteurs, leur jeu rend crédible l'existence de leur
personnage.

Film au dynamisme prenant, à l'effet comique permanent même si la
gravité plane constament et s'abat subitement comme pour prendre à
témoin les personnages de la fragilité du monde .
(patrick-auteur 24/4/3)