Ray revient du travail et trouve son ex-femme qui l'attend
devant chez lui. Elle vient lui confier la garde de leurs deux
enfants, Robbie, un ado de 17 ans en pleine rébellion, et
Rachel, sa fille de 11 ans. Après quelques heures, un étrange
orage se déclenche. Puis des tas d'éclairs frappent le sol aux
mêmes endroits. Puis dans le sol apparaît un gros cratère.
Tout d'un coup surgissent du sol d'énormes engins
métalliques. Ils détruisent tout sur leur passage, en particulier
ils massacrent la population. Ray et ses enfants décident de
fuir. Ils parviennent à trouver une des rares voitures qui
fonctionne encore. Ray la vole, met ses deux enfants dedans
et quitte la région, pour aller rejoindre le logement de son ex-
femme...
Au premier degré, voici un film-catastrophe très divertissant.
Tom Cruise en personnage peu sympathique est l'une des
premières surprises du film. D'autre part ici pas de
destruction de monuments symboliques (comme la Maison
Blanche dans "Independence day" d'Emmerich). C'est
caméra à l'épaule que Spielberg décide de filmer la fuite du
personnage principal avec ses enfants. Ce qui permet de
mieux s'identifier. Car c'est ce que cherche Spielberg : être
au plus proche de l'humain et vivre cette catastrophe comme
si on y était. Et ça marche. On est pris aux tripes devant
cette destruction massive d'êtres humains, comme s'ils
faisaient partie d'un grand jeu vidéo. Cette fuite a un but
ultime : survivre. L'être humain devient alors peu à peu un
animal traqué, qui ne pense qu'à sauver sa peau, même si
d'autres meurent à sa place. Et Ray, au départ, n'est pas du
tout respecté par ses enfants. Il faudra même qu'il fasse un
terrible choix : soit sa fille, soit son fils. Heureusement,
Spielberg, conscient que son film serait un succès (ce qui est
très prévisible en cette période où l'humanité doute beaucoup
d'elle-même, surtout après le tsunami et ses centaines de
milliers de morts), préfère un happy end. Malgré des
faiblesses indéniables, le film est quand même une sacrée
remise en cause de la suprématie américaine (ce sont les
Japonais, nous dit-on, qui ont trouvé les premiers le moyen
de faire face à l'ennemi extraterrestre ; Tim Robbins, dans un
rôle proche de celui de "mystic river" d'Eastwood, déclare
qu'il est normal qu'on se défende quand on est attaqué chez
soi. Ne serait-ce pas une allusion à l'intervention américaine
en Iraq ?). Quand arrive la fin du film, le spectateur n'a vu
aucun personnage héroïque. La faiblesse de l'humanité, voilà
ce qu'on a pu voir pendant deux heures. C'est une
intervention extérieure qui a sauvé l'humanité (des éléments
microscopiques, venant de Dieu). Le message final réhabilite
Dieu, conclusion qui pourra toujours faire grincer des dents,
mais on ne peut pas nier une chose : l'humanité, malgré ses
gros efforts, ne pourra jamais tout contrôler. Elle sera
toujours dépassée. C'est ce que veut nous dire le film.
Dernière remarque : ce film, inspiré d'un roman de H.G.
Wells, est un remake d'un film de 1953 de Byron Haskin.
Ciné Phil (Film-catastrophe/auteur ; 28/07/2005)