JEANNE D'ARC (de Luc BESSON)

Luc BESSON nous a prévenus : cette nouvelle version de la vie de " la pucelle d'Orléans " n'est pas un
film historique. Alors nous avons notre héroïne (jouée par la surprenante Milla Jovovitch, le fameux 5e
élément du film du même nom), entendant des voix et se voyant confier une mission : libérer Orléans
des tyranniques anglais et faire sacrer Charles VI roi de France. Sa prophétie se réalisera. Mais alors
que l'heure est à la diplomatie, elle veut continuer sa lutte. Elle sera alors abandonnée par les siens,
arrêtée et, après un procès pas forcément très juste, condamnée à être brûlée par une partie des
instances dirigeantes de l'époque.
Alors, questions : les voix entendues par Jeanne venaient-elles de Dieu ? Pourquoi, après avoir libéré
Orléans, voulait-elle continuer la guerre ? Que penser de son procès ? Etait-ce une mascarade afin de
trouver une bonne raison de la condamner ou voulait-on réellement qu'elle s'en sorte, et qu'elle s'est
condamnée elle-même ?
Malgré le caractère imprévisible de cette jeune fille (rappelons qu'elle est morte à 19 ans), on ne peut
s'empêcher d'avoir énormément de sympathie pour elle. Luc Besson nous la présente comme une fille
traumatisée par son passé, ayant une réelle cause à défendre et prête à tout pour atteindre son but.
Mais il sème aussi la polémique : Dieu a dit : " tu ne tueras point " (6e commandement qui se trouve
dans la Bible au chapitre 20 de l'Exode). Alors, si Jeanne est envoyée de Dieu, comment peut-elle au
nom de Dieu, tuer ses ennemis en répandant le sang (Jésus a dit : " Aimez vos ennemis ") ? Luc fera
dire alors à Jeanne qu'elle a péché, et qu'elle a eu un comportement de personne humaine. Ce qui fait
évidemment sursauter une partie des intellectuels qui soutiennent que Jeanne était réellement inspirée
divinement.
N'empêche, le film est une réussite, avec beaucoup de scènes remarquables sur le plan technique (la
bataille d'Orléans est un must, mais aussi les scènes de l'enfance de Jeanne entre autres), et de très
bons acteurs (pas les plus connus, mais les autres). Quant au message de Luc Besson, reconnaissons
tout de même qu'il ne prend pas trop de risque. En effet, il reste très (trop ?) consensuel. On aurait
aimé un peu plus d'engagement. Un film, en tout cas, qui trouvera son public.

Kader