Une école dans un village auvergnat, un instituteur qui s'occupe d'élèves de
la maternelle au CM2 dans une classe unique. On y voit la vie scolaire de ce
groupe bien délimité pendant une année. De cet univers le documentaire de
Nicolas Philibert en sort une oeuvre d'une force incontestable. D'abord
parce que les images montrées ne sont jamais interprétées par un
commentaire. C'est donc au spectateur d'en tirer quelque chose. D'autre part
l'absence d'artifice, cette caméra proche du quotidien de ces élèves et de
l'instituteur renforcent la volonté du spectateur à l'identification
("Tiens, ça me rappelle quelque chose" peut-on se dire parfois). Et il y a
aussi tous ces personnages : enfants de 4 ans ou 9 ans avec toutes leurs
complexités. Le constat est clair : nous sommes des représentations de nos
familles. Et le documentaire nous en montre quelques-unes. Et on ressent
quelquefois le malaise de voir la vie scolaire de tel enfant et la famille
d'où il vient, et l'énorme décalage entre ces 2 univers. Et puis il y a la
récréation où il arrive qu'il y ait une bagarre, et voir comment
l'instituteur s'y prend pour régler le conflit nous donne peut-être des
leçons, mais montre aussi la complexité de vivre avec les autres. Et
n'oublions pas l'univers de l'enfance, d'un naturel exquis, et souvent d'une
drôlerie spontanée, sans oublier la difficulté de l'instituteur pour aider
tel élève devant une difficulté qui lui semble insurmontable. On pourrait
encore en dire, tellement le film est riche de ce quotidien, qui nous fait
sentir combien le monde adulte et le monde de l'enfance sont très éloignés
l'un de l'autre. Alors ces valeurs démocratiques et pleine de pureté que
l'instituteur, lui, le maître qui détient le savoir, tente d'inculquer à ses
élèves peuvent paraître vaines, face aux dangers qui planent dans l'autre
monde, celui des adultes. Mais ce n'est pas grave. Ces petites frimousses auront
tout de même goûter à une leçon de vie proche d'un certain idéal,
qui ne peut exister qu'ici, dans cette classe.
Kader