Quel plaisir de retrouver tsai ming liang . Dés le premier plan ,tout est là , rien a
changé . L'appartement reconnaissable entre tous , le pére le beau miao tien , la
table ,adossée au mur, avec le cuiseur à riz , l'exiguité aussi et le silence déjà. On
retrouve aussi le fils , le mélancolique lee kang-sheng , et la mére , autres
personnages des films de tsai ming liang .
Histoire de deuil , puisque le pére décéde ,entre une mére n'acceptant pas ,se
réfugiant dans ses croyances ,vivant à l'heure de son mari ,attendant sa
résurrection et le fils vivant introspectivement cette disparition . Le mot est dit ,
HEURE , hsiao kang , se confronte au temps ,le manipule. Vendeur de montres ,
il rencontre une cliente en partance pour paris , que s'est il passé entre eux ? .
Suffisament pour hsiao, il s 'enquérit de paris ,de son heure , de sa culture . Elle
passera par les films , film de truffaut " les 400 coups " , dont tsai ming liang ne
cache pas son attachement . Histoire de passerelle entre la mére et son mari
décédé , le fils et sa cliente parisienne , passerelle invisible mais sensible . hsiao
s'évertuera à changer l'heure de toutes les montres et horloges , tentant même de
changer acrobatiquement l'horloge de tapei ,certainement à son heure, celle de
paris .
la solitude au milieu du grouillement de la ville , théme fétiche de tsai ming liang ,
on se demandait comment elle allait franchir le cap de l'escapade parisienne . La
patte de l'auteur ne s'en trouve pas dénaturée même si on connaît les lieux . le
sentiment perdu de la fille à paris est un peu comme lorsqu' on arrive en territoire
inconnu, les repéres sont troublés . Mais les correspondances sont toujours
présentes , alors que hsiao regarde jean pierre léaud en vidéo , shiang le retrouve
sur un banc au cimetiére , petite trouvaille , vertige du temps et prolongement
dans l'espace , repéres troublés pour nous aussi comme les montres de hsiao .
correspondance entre les attitudes ,les causes et les conséquences , clin d'œil ,
c'est lui qui boit du vin francais à tapei ,c'est elle qui tombe malade à paris . de
ce coté , le film a gagné en communication moins autiste que ses films
précédents.
Si les thémes de tsai ming liang demeurent ,celui de l'eau mis quand même en
veilleuse , son emprise formelle aussi . les longs plans séquences fixes donnent le
temps d'absorber la réalité des personnages ,des lieux. Ses tableaux
impressionnistes de toutes beautés ,comme ce plan dans la cuisine ou toutes les
couleurs se panachent, rouge ,vert ,bleu dans un florilége de dégradés , une
merveille.
Ce film prolonge bien la lignée de ses chef d'œuvres " les rebelles du dieu néon
" et " la riviére " ,"et la bas ,quelle heure est il ?" étant dédié au pére disparu de
tsai ming liang et à celui de lee kang sheng son acteur fétiche.
Tsai ming liang ,auteur à la rigueur bressonienne , mais à la sensibilité et aux
sentiments intacts, ses images continuent à nous hanter bien aprés la projection.

patrick


ET là bas , quelle heure est il ?
de tsai ming liang