Nouadhibou est une petite ville de pêcheurs arrimée à
une presqu'île de la côte mauritanienne. Abdallah, un jeune Malien âgé de dix-sept ans, y retrouve sa mère, en attendant son départ vers l'Europe. Dans ce lieu d'exil et de fragiles espoirs, le jeune homme, qui ne comprend pas la langue, tente de déchiffrer l'univers qui l'entoure :
Nana, une sensuelle jeune femme qui cherche à le
séduire ; Makan, qui, comme lui, rêve de l'Europe ; Maata, un ancien pêcheur reconverti en électricien et son apprenti disciple, Kahtra. C'est lui qui enseigne à Abdallah la langue locale pour que ce dernier puisse rompre le silence auquel il est condamné...
Film sur l'exil, le transit, Sissako s'arrête avant tout sur
des hommes en quête d'autres choses. Cette ville croisement apelle une myriade de projet, vit au travers le désir de ceux qui sont déja partis, ceux qui veulent partir et ceux qui en sont revenus. L'attente montrée avec sensibilité laisse entrevoir la mélancolie qui baigne le film dans toute sa longueur. Le détail du quotidien révéle toute la richesse du film. Quoi de plus beau que ces scénes d'apprentissage, la fillette chantant sur les conseils de son aînée ou encore l'espiégle apprenti prenant des cours d'électricité avec le sage et vieux Maata, ancien pêcheur reconverti .
Sissako ne filme pas une image d'épinal de l'Afrique mais
le quotidien suffit à glorifier sa lumiére, le désert, et surtout la beauté des gens.
Mais il ne faut pas s'y tromper ,il dresse le terrible
constat du déracinement, de l'appel,quasi mystique,de l'extérieur par les jeunes. la vision des bateaux, des trains qui passent nous rapelle constament combien le désir de départ de beaucoup est omniprésent à l'esprit avec toute la dimension tragique de ceux qui échouent et c'est le cas de le dire comme nous le montre la scéne de ce jeune retrouvé mort sur la plage.
Abdallah veut repartir en Europe, d'autant plus qu'il est
déraciné à l'intérieur de son pays car ne connaissant pas la langue. Sa solitude visiblement terrible, suggérée jusqu'à la scéne de son départ ou on le voit escalader et retomber d'une dune,valise à la main....
Ce constat pourrait sembler pessimiste dans sa réalité s'il
n'était contrebalancé par l'espoir de la transmission du savoir. On se prend à rêver que le jeune pourrait trouver son bonheur à travailler au pays même si lui aussi ne semble pas épargner par l'acculturation qui guette, notamment au travers du miroir télévision occidental omniprésent.
Sissako nous livre un film entier, montrant toutes les
facettes du rêve ,des espérances ,des souvenirs et de l'attente aidé par des acteurs-personnages tout à fait convaincants.
patrick(24/2/3)
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