Dans une bourgade du Massachusets vivent Bob et Walt, deux
frères siamois, attachés l'un à l'autre par le foie. Mais comme
Bob a dans son corps la plus grande partie de ce foie, Walt
vieillit plus vite que Bob. Ils tiennent un resto-burger où ils sont
vus comme des vedettes, tellement ils sont rapides pour cuire les
hamburgers. A côté de ça, leur vie commune ne peut jamais être
individuelle. Mais ils profitent un max de leur avantage d'être
aussi liés. Or un jour Walt pense avoir du talent en tant qu'acteur,
il veut aller tenter sa chance à Hollywood. Justement c'est là que
vit la bien-aimée de Bob, qu'il a connue grâce à Internet. Le
problème, c'est qu'il ne lui a jamais dit qu'il était siamois. Bod et
Walt vont-ils réussir à surmonter l'incompréhension qu'ils vont
rencontrer à Hollywood ?

Etonnant et drôle, toute la verve des frères Farrelly se retrouve
dans ce film à plusieurs degrés de lecture possibles. D'abord il y
a la manière dont la société dite "normale" accueille les
handicapés, et les intègre. Et là les frères Farrelly se vengent en
beauté. Ensuite le problème de la normalité. Qu'est-ce qui est
normal et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Et puis on peut voir aussi
les deux héros comme des êtres complémentaires, qui se sont
trouvés, des "âmes frères" en quelque sorte. Pourtant, quand
arrive la relation à deux avec une femme, dont l'intimité est
nécessaire, voire vitale, cela demande de se détacher du lien
fraternel. Le fait que la petite amie de Bob soit asiatique renforce
la différence. Pour les frères Farrelly, la différence est un
enrichissement, mais elle demande un sacrifice. Et puis le film est
aussi une critique acerbe du monde hollywoodien : l'actrice de la
série où est engagé Walt, joué formidablement (naturellement ?)
par Cher, qui joue son propre rôle, est nullissime, nunuche, et n'a
aucun talent réel. Le réalisateur de cette série (joué de manière un
peu décalée par Griffin Dunne) ne vaut pas grand-chose, le
scénario est mauvais... Pourtant le regard se fait parfois
attendrissant, quand Cher qui reconnaît qu'elle s'est moquée de
Walt en le faisant engager. Et Walt, au lieu de l'envoyer paître, ne
lui dit que des choses positives. Apparaît alors un des messages
fondamentaux du film : ce qui est autour de nous dépend du
regard que l'on porte. Si l'on veut voir l'autre comme quelqu'un
de bien, alors il cherchera à être bien. Autre message : l'être
humain n'est pas fait pour vivre tout seul. Il a parfois besoin d'un
vrai soutien. Je vous laisse donc aller découvrir cette nouvelle
comédie de Bobby et Peter Farrelly, et voir comment ils s'y
prennent pour valoriser les personnes en marge. Décoiffant !
Abdelkader (comédie/auteur ; 09/01/2003)