Max est chauffeur de taxi de nuit à Los Angeles. Après avoir conduit
une femme-procureur, il prend un dénommé Vincent, qui lui fait part de
son désir de garder le taxi pour la nuit car il a des courses à faire à
travers toute la ville. Max hésite puis accepte, car Vincent est prêt à lui
verser une bonne commission. Or ce qui ne semblait être qu'une nuit
ordinaire va, pour Max, devenir une nuit cauchemardesque : Vincent est
un tueur professionnel, qui exécute des contrats à Los Angeles. Il a
cinq personnes à tuer...
Ce thriller est davantage une étude psychologique qu'un film d'action
(on a une seule vraie scène d'action, dans une boîte de nuit, et une
poursuite à la fin). Ce qui intéresse ici, c'est de confronter deux
personnages, l'un proche de nous, le chauffeur de taxi qui travaille, et
qui espère un jour passer à autre chose, et un tueur, qui permet au
chauffeur de réaliser combien sa vie est vaine. Quant au tueur, existe-t-il
vraiment ? Car il a toujours vécu comme un fantôme. Et l'on ne saura
pas grand chose de lui. Si Michael Mann a utilisé à bon escient le
potentiel charismatique de ses deux acteurs principaux, on est surtout
marqué par la manière dont le réalisateur valorise la ville de Los
Angeles, qui devient petit à petit une ville où sa face cachée se dévoile,
une image plutôt sombre de l'Amérique. Où en est le rêve américain ? Il
est noyé dans l'enfer des grandes villes américaines, comme Los
Angeles, où rien ne vient donner l'espoir d'un monde meilleur. Max
(Jamie Foxx) reflète à lui seul ce désarroi. Il rêve de fonder sa propre
entreprise, de gagner plus d'argent, et, qui sait, séduire cette si jolie
procureur... Mais son projet est depuis 12 ans dans ses tiroirs. Vincent,
lui, a choisi une autre manière de vivre. Il gagne bien sa vie, mais il est
obligé de rester en marge de la société, car son travail n'existe pas dans
le monde de la vie rangée de Max. De ces deux mondes qui vont se
confronter n'arrivera aucune possibilité de pont. Grâce à "Collateral",
Michael Mann permet une nouvelle fois de prouver ses réels talents de
metteur en scène, après "Heat", "Ali" ou "the Insider". Son pessimisme
est assez visible, mais son film ne va pas au bout du film d'auteur qu'il
aurait pu être. Car il est à Hollywood, et les contraintes des studios
sont là. Mais malgré tout, ses efforts sont louables. Un film donc à
conseiller dans le domaine "thriller psychologique du samedi soir".
Ciné Phil (policier ; 16/10/2004)