Ada est fille de pasteur et une très belle femme. Elle vient
d'emménager avec son père dans une petite ville du sud, peu avant
la guerre de Sécession. Là elle rencontre Inman, un homme timide
qui lui fait une courre assez discrète. Pourtant, ils ont juste le
temps de s'embrasser amoureusement avant que lui ne parte à la
guerre. Ils vont alors espérer un jour se revoir et poursuivre cette
relation qu'ils ont laissée en suspens. Or la guerre de Sécession
s'avère être une vraie boucherie, et Inman voit bon nombre de ses
collègues, soldats comme lui, mourir sous ses yeux. Alors qu'il
est recueilli, suite à une blessure au combat, par un médecin qui
pense qu'Inman ne va pas tarder à mourir, une jeune femme vient
lui lire une lettre d'Ada. Inman reprend alors espoir et décide de
déserter. Dans le même temps, la guerre a mis les villes et les
villages, où ne sont restés que quelques hommes et beaucoup de
femmes, dans le dénuement. Ada offre un dernier repas à son père
ne sachant pas ce qu'il adviendra du lendemain. Mais voilà que
son père meurt. Désormais seule, Ada n'est plus que l'ombre
d'elle-même. Elle pense encore à cet Inman dont elle garde une
photo qu'il lui a donnée. Elle survit comme elle peut dans l'espoir
que peut-être Inman est encore vivant et qu'il ne l'a pas oubliée.
C'est à ce moment-là que Ruby surgit. A elles deux, elles vont
faire face aux difficultés...

Anthony Minghella a connu un gros succès avec "Le patient
anglais", une histoire d'amour qui restera dans les annales pour le
couple mémorable que formaient Ralph Fiennes et Kristin Scott
Thomas. Sans oublier le désert qui servait de cadre à cette
bouleversante histoire... si on est sensible à ce genre de film.
Comme pour "Le patient anglais", Minghella est ici scénariste et
réalisateur. Et on reconnaît sa touche. Minghella a indéniablement
le talent pour ce genre de fresque, épopée à travers deux histoires
qui se rejoignent. Qualité des images, sobriété des effets, et
surtout un casting de haut vol, Nicole Kidman en tête. Tout est si
bien travaillé que l'on peut avoir parfois l'impression que c'est un
peu préfabriqué. Mais l'indulgence est de mise, car on a rarement
vu un film sur la guerre de Sécession renvoyer dos à dos
Nordistes et Sudistes. C'est l'horreur des guerres en général que
dénonce Minghella. Et on ne peut s'empêcher d'être emporté, en
tant que spectateur, par cette histoire d'amour qui nous donnera
l'une des scènes d'amour les plus romantiques jamais filmée. Mais
on aura aussi eu des sueurs quand des soldats Nordistes
saisissent le bébé malade d'une veuve (jouée par Natalie Portman)
qu'ils s'apprêtaient à violer. Mais Minghella nous épargne les
scènes trop crues. Il préfère suggérer. Comme ces femmes dont
les maris sont absents à cause de la guerre et qui sont prêtes à
coucher avec le premier venu. Minghella sait intelligemment
montrer les conséquences de la guerre : pénurie, anarchie. Comme
si l'homme redevenait un quasi-animal. Heureusement d'autres
valeurs viennent rehausser tout ça : la solidarité, le travail, le
partage, sans oublier la tendresse. N'oublions pas aussi de signaler
que ce film donne principalement les meilleures rôles aux
personnages féminins.
Ciné Phil (Drame/fresque historique/auteur ; 20/02/2004)