Federica est riche… trop riche…
Ce privilège l'emprisonne et l'empêche de faire sa vie d'adulte,
d'assumer son quotidien : les attentes de son fiancé qui voudrait fonder une famille, le retour inattendu d'un ancien amant, les conflits avec une famille déconnectée de la réalité et déstabilisée par la mort annoncée du père.
Accablée par un héritage à venir, par ces rapports emmêlés avec son
entourage, et par le poids d'une culpabilité lancinante, Federica cherche le réconfort dans l'imaginaire : des rêves éveillés où la réalité devient parfaite et merveilleuse.
Valéria bruni tedeschi passe derrière la caméra pour la 1er fois mais
se réserve aussi la 1er place dans son film en tenant le rôle de Federica. Ce film nous entraine dans les méandres de la vie existentialo-comique d'une jeune femme se débattant avec ses origines sociales, sa condition privilégiée. Ses parents Italiens ont immigré en France non pour échapper à la pauvreté mais "à cause" de leur richesse infinie source de danger...
Le cadre est posée et ne se départira jamais de ces heureuses
contradictions.
Federica se trouve tiraillée entre une famille vivant son oisiveté à coté
des contraintes quotidiennes et, d'autre part, ses connaissances sociales,comme son ami, prof de géo et révolutionnaire convaincu.
Cette fracture des points de vue engendrera un retour dans le monde
de l'enfance. De nombreuses scénes de son enfance s'immiscent dans le film et permettent de comprendre la mentalité de Fédérica notamment dans le rapport affectif avec son pére.
L'âge de la trentaine pour Fédérica pousse à des choix notamment
celui de la mise en route de sa propre famille à l'heure ou son pére est sur le point de mourir. Cette gravité de l'hésitation dans son quotidien se contrebalance par une évasion de son esprit représenté par son imagination loufoque. Ainsi, des scénes de rêves éveillés ponctuent le film toujours source d'amusement et rejoignent ainsi les scénes d'enfance dans la volonté de détournement de la réalité.
Federica cherche à exister par elle même mais la difficulté semble
immense tant son quotidien reste indissociable de sa famille.
Elle cherche des réponses à ses interrogations à de nombreuses
reprises auprés d'un prêtre qui avouera son impuissance en lui déclarant, navré, n'être point psychanaliste. Ses têtes à têtes révéleront la puissance comique du film. Le film prend toute son ampleur dans les différentes scénes qu'accompagnent la vie de Fédérica... Fédérica et son amant,Fédérica et son pére, Fédérica et le prêtre, Fédérica et son amoureux et l'on percoit alors la dimension écrite du film avec son mélange de gravité et de dérision.
Malgré la réussite de nombreuses scénes, il manque quand même
un semblant de cohésion qui permettrait de le singulariser totalement.
L'intérêt du film vaut aussi par ses acteurs, Denis Podalydès, Yvan
Attal, Lambert Wilson, Emmanuelle Devos,jean hugues anglade,chiara mastroianni, tous d'une crédibilité et d'une aura qui rehaussent le film.
Quant à la mise en scéne, elle reste d'une grande sobriété malgré la
présence de certaines scénes oniriques, et d'un classicisme un peu en deça de l'épaisseur des personnages.
Un premier film remarqué dont le comique ne se laisse pas entrainer
vers des sphéres caricaturales mais témoigne d'une finesse et d'une personnalité confirmée. Sa profondeur dans les contradictions des personnages sent le vécu et renvoit à la vie de tout un chacun au delà des différences sociales.
patrick (auteur-16/4/3)
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