Célibataire endurci, Don Johnston vient d'être quitté par
Sherry, sa dernière conquête. Alors qu'il se résigne une
nouvelle fois à vivre seul, il reçoit une lettre anonyme dans
laquelle une des anciennes petites amies lui apprend qu'il est
le père d'un enfant de 19 ans, et que celui-ci est peut-être
parti à sa recherche. Sous les conseils de son meilleur ami
Winston, détective amateur, il décide de mener l'enquête afin
d'éclaircir ce mystère. Malgré son tempérament casanier, le
sédentaire Don se lance alors dans un long périple, au cours
duquel il retrouve quatre de ses anciennes amours. A travers
ces visites-surprises, Don se retrouve confronté à son passé,
et, du même coup, à son présent.

Jarmush a écrit sur mesure le rôle de don pour bill murray.
On retrouve donc bill avec tout ce qui le caractérise dans ses
films précédents. Flegmatique, mélancolique, réservé, fragile
avec une pointe d'humour au minimum, l'anti-expressionniste
par excellence.
On retrouve aussi le mouvement, dénominateur commun aux
personnages des films de Jarmush, dont la déambulation ne
répond pas toujours à un objectif précis. C'est aussi le cas ici,
même si à première vue, bill part à la recherche de ses
anciennes compagnes pour dénicher un éventuel fils...oui
mais pour quoi faire, lui qui semble si installé dans
l'immobilisme en constatant de loin le passage de toutes ses
femmes dans sa vie avec une résignation écrasante.
Son voisin Winston, père de 5 enfants, détective à ses
heures, affiche un grand dynamisme qui tranche avec la
torpeur de don. Il deviendra l'initiateur concret du réveil de
Don, de sa mise sur pied.
La rencontre de Don avec ses anciennes compagnes permet
un aperçu de l'amérique avec tous ses contrastes. Et jarmush
n'est pas tendre, montrant du doigt les névroses, des gens
renfermés, pouvant communiquer seulement avec leurs
animaux quand ils ne peuvent plus communiquer avec
personnes et la réussite sociale, en paravent, ne cache
vraiment plus rien. Derrière les façades proprettes règnent
le désoeuvrement. Le film égratigne toute la génération
hippie, l'abandon des idéaux et à l'ère de la communication
informatique, dont la réussite flagrante est incarnée par Don,
les échanges semblent réduits au minimum, ils sont devenus
marchands.
Les allusions au divertissement, au monde de l'image
surgissent avec constance, don Johnston, Lolita...on
s'arrêtera devant cet lolita, fille de Sharon stone dont le
prénom colle parfaitement au jeu de la Lolita de Kubrick,
enfant, séductrice, provocatrice, déjà certaine de son attrait
dans son attitude et sa tenue, nue !. Jusque dans les poses,
Jarmush revient aux scènes du film de kubrick, un hommage
clairement affiché à quelques cinéastes, Bergman pour les
scènes conjugales, fassbinder et Jean Eustache dont il
mentionne clairement le nom avant le début du film "for jean
eustache" .
Ces rencontres, l'incompréhension, le décalage forcent le
caractère comique du film, l'entrainant quelquefois sur le
chemin de la comédie bon enfant. Mais, c'est sans compter
sur l'écrasante solitude de Don, les longues minutes fixes
interminables, les nombreux fondus enchainés comme une
descente abyssale dans le vide, un voyage vers la vacuité et
la froid recroquevillement.

Malgré la prestation réussit de Bill Murray dont "le
personnage" passe de films en films et ça devient saoulant,
Jim jarmush s'inscrit un ton en dessous dans la peinture de
ses personnages. Le traitement du film, trés académique
comme l'histoire, se résume à quelques idées dont la
profondeur peine à se dévoiler. On peut se demander aussi
se demander si il ne frise pas le réac avec un quasi
engagement profamille.
Il ne suffit pas d'invoquer Jean Eustache pour bénéficier d'un
relief dans la vie de ses personnages, un peu comme le trop
plein de la bande musicale, l'émotion peine à se transmettre.
patric (6/9/5-auteur)