Six militaires et leur chef, le sergent West, faisaient un exercice de routine en
plein ouragan dans la jungle de Panama. Or seulement trois sont retrouvés, dont un mort et un blessé. Un seul en est sorti indemne. Où sont passés les autres, et en particulier le sergent West ? Pendant que le blessé est hospitalisé, l'autre survivant est interrogé par le lieutenant Julia Osborne. Il ne veut rien lui dire. Le colonel de la base militaire décide alors de faire appel à l'un de ses collègues, l'ex-ranger Tom Hardy, pour faire parler le soldat rescapé...
Ce film aurait pu être un film militaire de plus (après "Des hommes
d'honneur" de Rob Reiner, ou "Elisabeth Campbell" de Simon West, déjà avec John Travolta ; etc.), mais c'est John Mc Tiernan le réalisateur ("Prédator", "le 13e guerrier", c'est lui). Ce qui est captivant ici, c'est que plus le film avance, plus on se rend compte, comme le lieutenant Julia Osborne (jouée brillamment par Connie Nielsen, que l'on a vue l'année dernière dans "Demonlover" d'Olivier Assayas), que cette affaire s'avère de plus en plus compliquée. Car tout le monde cache quelque chose, sauf elle. Tous les flash-back utilisés nous manipulent vers un dénouement qui n'en finit pas de rebondir, jusqu'au bout, mais il est vrai qu'à force de coups de théâtre, on finit par ne plus rien ressentir (comme dans "Sexcrimes" de John McNaughton). On peut voir dans ce film une mise en cause de l'armée américaine, impliquée dans divers larcins peu avouables (que je laisse au spectateur de découvrir), une vision très négative de la hiérarchie, où les chefs abusent de leur pouvoir, et aussi une note d'espoir : certains refusent de se laisser "bouffer" par le système. Interprétation impeccable de John Travolta, dans le rôle d'un ex-militaire, devenu un homme bourru aussi manipulateur que les autres, mais pourtant avec des principes. Signalons enfin la bonne mise en scène de Mc Tiernan, autant pour les scènes de jungle que pour les scènes de la base militaire : il parvient aisément à valoriser tous ces espaces sans sacrifier les personnages.
Kader (thriller militaire ; 28/05/2003)
|