Dans la Chine maoïste des années soixante-dix, en pleine révolution
culturelle, Ma et Luo, deux lycéens, amis d'enfance dont l'un est fils de dentiste et l'autre fils de médecin, sont arrachés à leurs familles respectives et envoyés dans un camp de rééducation dans les montagnes de la province du Sichuan. En se rendant dans le village voisin, les deux garçons font la rencontre d'une jeune couturière belle et inculte. D'autre part ils apprennent qu'un "binoclard" garde caché dans une valise des livres interdits par le régime. Ma et Dai volent la valise...
Dai Sijie avait déjà tourné trois films avant celui-ci, qui est tiré de son
propre roman autobiographique. Et c'est un beau film. Sur le plan esthétique, rien à dire : les jeunes filles qui se baignent, les paysages, les travaux à la mine... autant de scènes magnifiquement filmées. Et puis il y a l'histoire : comment donner le goût de la liberté à une couturière inculte ? En lui lisant du Balzac. Mais ce n'est pas le seul écrivain cité dans cette oeuvre, qui valorise beaucoup la littérature française (Edmond Dantès, Madame Bovary, etc). Mais il y a aussi une histoire de jeunes, leurs amours, leurs désirs, et là, les textes lus, la musique jouée prennent tout leur sens. Bien sûr tout n'est pas rose, mais le dépaysement est total, sauf quand sonne le retour aux réalités (l'accident dans la mine, l'avortement, etc). Bien sûr, on pourra remarquer ça et là des maladresses (le repas en famille, le mal de ventre), mais le bilan est plu s qu'honorable. Les jeunes représentent les rêves à réaliser, mais qu'en restera-t-il ensuite ? Des souvenirs. Que de nostalgie pour un film qui, pourtant, reste interdit en Chine ! Mais, comme dit le proverbe : "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir."
Kader
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