A la mort de ses parents, Howard Hugues, alors âgé d’une
vingtaine d’années, se retrouve avec une énorme fortune. Il peut
dès lors se consacrer à ses deux grandes passions : l’aviation et
le cinéma. En dépensant des sommes colossales, ce visionnaire
bouleverse d’abord le monde du cinéma avec son premier film,
Hell’s Angel, qui marque le passage du cinéma muet au cinéma
parlant. Puis, il révolutionne le domaine de l’aviation en inventant
des avions qui permettent de battre des records de vitesse et
d’altitude. Des troubles obsessionnels compulsifs, transmis dès
son enfance par sa mère, l’empêchent toutefois de vivre
pleinement...

Ce film aborde les grands moments dans la vie de Hugues, de la
production de son premier film à l’acquisition de la compagnie
d’aviation TWA, de ses périodes de névrose à ses moments de
gloire, de ses aventures avec les plus grandes dames du cinéma à
ses déboires publics. Au niveau visuel et technique, The Aviator
est tout simplement remarquable. Scorcese a su recréer une
époque, en particulier des années 20 à 40) dans toute sa
splendeur. Les décors et costumes flamboyants, la musique
rythmée, représente bien le faste de cette période. Et on y croit.
De fait, les scènes au Coconut Grove, ce lieu de rencontre des
artistes les plus en vogue, sont éblouissantes. De la même
manière, Scorcese reconstitue avec brio les avions de l’époque
et les scènes de haute voltige qui les accompagnent. En ce sens,
il tire entièrement profit du numérique pour réaliser des effets
spéciaux à couper le souffle. L’écrasement dans la banlieue de
Beverly Hills vaut à lui le seul le détour. The Aviator présente
donc un réalisateur au sommet de son art. Par ailleurs, on ne peut
passer sous silence la performance remarquable de Leonardo
DiCaprio. Le rôle de Hugues lui permet de démontrer toute
l’étendue de son talent. DiCaprio dépeint donc ce génie tant dans
ses succès que dans sa folie. Il nous fait découvrir le visionnaire,
le séducteur, le passionné et le grand malade. Il réussit, par de
simples regards, à marquer les changements dans l’état
émotionnel de Hugues. Les femmes qui l’accompagnent, Cate
Blanchett dans le rôle de Katharine Hepburn et Kate Beckinsale
dans le rôle de Ava Gardner, livrent également de grandes
performances. Blanchett surtout, qui reproduit sans difficulté la
voix et le débit de Hepburn en sachant la dépeindre dans toute sa
fougue et sa verve. Les moments d’intimité entre elle et DiCaprio
sont savoureux. Beckinsale, plus nuancée, laisse le terrain libre à
DiCaprio qui incarne un Hugues tranquillement affecté par la
folie. On pourra ressentir ici et là quelques longueurs, mais ne
boudons pas notre plaisir. Scorsese confirme qu'il est un des
plus grands réalisateurs du moment.
Ciné Phil, aidé de Steph (Auteur ; 20/06/2005)