Dans une ville fictive d'Europe centrale, Ash est une
accro de jeux vidéo et de réalité virtuelle. Solitaire, le seul compagnon qu'on lui connaisse est son chien. Elle était membre du groupe Wizard, constitué de véritables aficionados d'un jeu de guerre illégal nommé "Avalon", en référence à l'île légendaire où reposent les âmes des héros. Mais depuis que la bande s'est dissoute, Ash joue seule. Un jour, elle apprend que son ancien amant, Murphy, est devenu un zombie, un "non-revenu". Ce dernier était pourtant un joueur talentueux. Son sort intrigue Ash. Celle-ci décide alors de refaire le chemin qu'il a pris en jouant dans une zone interdite baptisée "Class A". Pour y parvenir, elle doit suivre l'Ombre, une mystérieuse petite fille aux yeux tristes...
Mamoru Oshii est devenu célèbre grâce à son
incontesté chef d'oeuvre "Ghost in the Shell", dessin animé racontant l'histoire d'une femme flic, robot au service de l'Etat, cherchant à capturer un dangereux terroriste spécialisé dans la cybernétique. Le monde futuriste, la musique, les combats, tout était de très haut niveau, comme le scénario, où la mission de la femme flic devenait petit à petit une quête, parfois rendue poétique, de sa propre identité. Dans "Avalon", on retrouve les obsessions de Mamoru Oshii, avec ce mélange virtuel/réel, la musique, superbe, de Kenji Kawaï (c'est lui qui avait signé la musique de "Ghost in the Shell" justement), l'atmosphère parfois oppressante déshumanisée, par les jeux vidéo, dans des lieux aux couleurs gris sombre, où chacun veut devenir le meilleur. Mais le risque est grand, puisque si l'on perd à un haut niveau, on peut être lobotomisé. L'héroïne du film est une femme, Ash. Elle vit seule avec son chien, dans un univers à l'ambiance lourde. Quand elle va jouer aux jeux vidéo, on se souvient de "Matrix". Tout est très froid, sans fantaisie, à la limite de l'ennui. Mais voilà qu'Ash parvient à un niveau supérieur, où elle doit abattre une jeune fille au regard innocent. Alors qu'Ash est grise, la fille est en couleur. Ash la tue, et ô surprise, elle parvient dans un autre univers où tout le monde n'a pas accès... Moins poétique que "Ghost in the Shell", moins ambitieux quant aux thèmes abordés, on peut voir en "Avalon" une mise en cause des jeux virtuels, reconstituant des mondes où l'on se fait la guerre, et où l'on peut tuer des innocents sans problème de conscience. On peut y voir aussi une réflexion sur les difficultés que vit la Pologne actuellement. On peut aussi y voir une société déshumanisée à la recherche de son identité. Un film donc à voir et à interpréter selon sa sensibilité. Mais on peut être sûr d'une chose : Mamoru Oshii a beaucoup de talent.
Kader (23/1/3)
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