Pascal Manise est un policier sans états d'âme, dont
la femme, Agnès, est morphinomane. Celle-ci se droguait déjà quand ils se sont connus. Tout ce que Pascal a pu faire, c'est lui éviter la déchéance. Il traite avec Jaquillat, un dealer grenoblois qui le fournit en morphine, en échange de quoi Pascal ferme les yeux sur son commerce illégal.
Son épouse et lui ne sortent jamais ensemble et ne
côtoient pas les mêmes amis. Jusqu'au jour où elle lui présente Cécile qui a un problème avec Alain, son mari.
Nous voilà dans le 3eme temps de l'action, plutôt le
dernier regard celui du flic et de sa femme, gangrénée par la dépendance à la morphine.Car les actes du flic dépendent grandement de sa femme.
Pascal, le flic, mélange allègrement son boulot et sa
vie privée, n'hésitant pas à abuser de sa fonction pour subvenir aux besoins en morphine de sa compagne accroc, y compris en trafiquant avec le milieu, passant des infos contre de la morphine.
La solitude du flic, bien réel aussi ici, même si elle
entre dans les conventions, contrairement à bruno le révolutionnaire. Pascal se heurte aux collégues de sa femme enseignante en subissant une discrimination. Face aux vieilles rancoeurs soixantehuitardes, il ne peut que jouer son rôle de flic pour se conformer à l'image qu'ont les autres de lui, ce qui vaut des échanges et des attitudes sociales balançant entre désillusions et cynismes.
Il ne sait plus trés bien ou il en est d'ailleurs, fragilisé
par l'amour pour sa femme, et emporté par les sentiments naissants pour une autre ,amie de sa femme.
Ce deséquilibre s'exprimera dans une scéne
surréaliste .Arrivant chez lui, il découvrira Bruno aidant agnés . Il ne tentera pas de l'arrêter, repartant sans se montrer.
Agnes aussi vit seule son cauchemar de la drogue,"à
chacun ses problémes" comme elle dit car son défi reste de palier au effet du manque et à la souffrance provoquée par l'arrêt de l'approvisionnement de drogue par Pascal. Son rapport à l'autre reste dicté par son alliance morbide avec la morphine, comme le lien tissé avec Bruno. Elle tient à l'autre sur la promesse d'une dose...
Ce film répond à la noirceur de "cavale" et reprend
son souffle lors des rares scénes de rencontre Cécile- Pascal . elle ne se rend même pas compte de ces avances toute inquiéte du changement d'attitude de son mari. Tout le monde se cherche sans jamais se trouver.
Au caractére entier et aux convictions inébranlables
de Bruno dans "cavale", répondent la veulerie, le manque, le cynisme, la comprimission des personnages "d'aprés la vie". Toujours en tension entre la vie et la mort, comme guidés par le mirage salvateur du shoot à venir dont on ne sait si ce sera le dernier, tués par celui ci ou détachés définitivement.
On ne peut finir sans saluer la remarquable trilogie de
Lucas belvaux,"Un couple épatant", "cavale", "aprés la vie" , 3 films sorties dans le même temps, loin des considérations commerciales des chapitres dont nous ont habitués les produits américains. Car sur le plan du sens, du concept, il se révéle l'antithése de cette démarche.
Réalisés dans le même temps d'action, ces 3 films se
caractérisent par une divergence dans l'espace et de point de vue des protagonistes. Il arrive que certaines scénes soient communes même si elles divergent selon l'angle, les monteurs sont différents.
Tout comme le spectateur saisit par sa subjectivité, les
événements prennent leur dimension au travers différents regards des acteurs d'une vie ,qu'elle soit fiction ou réel. Si le sens se développe dans chacun des films, il prend une dimension supplémentaire lorsqu'on voit les 3 films. la trinité se mue en un seul et surgit l'écho de la représentation humaine, des incompréhensions et des solitudes qu'elle entraine.
Le cinéma a besoin de ces initiatives, de ses perceptions,
de ses histoires ancrés dans un projet artistique, alors merci à Lucas Belvaux et à ses producteurs.
patrick(10/01/03)
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